Tout comme le burn out professionnel , le burn out parental vient de l’épuisement, mais de l’épuisement du parent dans ce cas précis.

Être parent est un métier exigeant, dont il est impossible de démissionner. Tous les parents ne font pas un burn out : les facteurs de stress diffèrent d’un parent à l’autre. Ce qui va générer du stress de manière importante chez un parent ne se révèle pas nécessairement stressant chez son voisin, parent lui aussi. Par exemple, si je vis dans une maison 4 façades avec un grand jardin, mon voisin vit dans un appartement au 3ème étage : l’espace de vie est autre entre une maison et un appartement. De même, une personnalité anxieuse, perfectionniste, les relations parent-enfant difficiles, les valeurs éducatives, les moyens financiers, la maladie, le handicap d’un enfant,… autant de stresseurs qui rendent le métier de parent complexe, et unique.

Malgré tout, les parents ont des ressources à portée de main, qui viennent compenser l’effet des stresseurs et permettent de maintenir l’équilibre de la balance. Parmi les ressources, l’aide du conjoint, des grands-parents, une personnalité cool et bienveillante, une certaine aisance financière, etc… tous ces éléments aident le parent à garder le cap. En résumé, ce qui augmente le stress parental est compensé par les ressources.

Malheureusement, il arrive que les ressources diminuent, et/ou que les stresseurs soient plus lourds, durent plus longtemps : c’est le burn out parental. Il concerne +/- 5% des parents.

La période actuelle de confinement nous rend vulnérables en tant que parents : l’équilibre parfois fragile de la balance vacille brusquement en ce moment d’épidémie. Cela complique le métier déjà difficile de parent.

Que se passe-t-il?

  1. Les facteurs générateurs de stress augmentent : l’école fait parvenir des devoirs à faire à la maison, la liberté est restreinte pour tous, le risque de dispute augmente au sein de la fratrie, le risque de dépendance aux jeux vidéos est réel (!), il y a plus de tâches ménagères puisque tout le monde est à la maison pratiquement 24h/24, etc…26
  2. Parallèlement, les ressources diminuent : les parents ne peuvent plus faire appel aux grands-parents, ni aux aide-ménagères bien précieuses, ni aux baby-sitter. De la même façon, les loisirs sont en chute libre, les moments de partage avec les amis sont devenus inexistants.
  3. Les choses sont rendues plus compliquées lorsqu’un enfant est malade, porteur de déficience(s) préalablement. Par exemple, un enfant autiste a des difficultés à comprendre la restriction de liberté.
  4. Pour certains parents, ce moment de confinement va être source de « récupérer du temps », pour travailler dans la maison, le jardin,… Grâce à ce repli sur soi, certains vont en profiter pour rééquilibrer les tâches, redéfinir leur coparentalité.
  5. Nous vivons dans une société individualiste : nous avons oublié comment faire passer le bien-être commun avant notre propre bien-être. Ceci aggrave les effets du confinement.

Et arrive le burn out parental, lorsque le déséquilibre dure trop longtemps, avec trop de stresseurs, et pas suffisamment de ressources pendant plusieurs semaines.

Qu’est-ce que le burn out parental?

  1. Le parent est épuisé par son rôle parental : les enfants, le métier de parent l’épuisent.
  2. En réponse à l’épuisement, le parent prend de la distance par rapport à ses enfants. Il fait ce qu’il faut, mais se recentre sur lui-même. Les professionnels évoquent la « distanciation émotionnelle ».
  3. Le parent n’éprouve plus de plaisir dans son rôle de parent, il est saturé. Sauf quand l’enfant dort.
  4. Il y a un contraste avec le rôle parental tel qu’il existait auparavant. Les parents expriment « je ne me reconnais plus »…

Conséquences du burn out parental

Les conséquences sont nombreuses, tant pour le parent que pour l’enfant.

Pour le parent

Il ou elle devient irritable, les problèmes de santé physique apparaissent, les addictions augmentent (alcool, web,…) ainsi que les idées suicidaires.

Il ou elle n’a qu’une envie, celle de tout plaquer et de fuir!

Le burn out, ce n’est pas dans la tête! Le dosage du cortisol capillaire (cheveux) montrent que le taux de cortisol est largement supérieur aux personnes ayant une douleur chronique sévère, supérieur également aux personnes victimes de violence conjugale.

les idées suicidaires sont fréquentes dans le cas du burn out parental : il n’est en effet pas possible de démissionner de son rôle de parent, encore moins de changer les enfants!

Pour l’enfant

Dans le cadre de burn out parental, les comportements de négligence augmentent : les visites chez le médecin ne se font pas, l’enfant ne reçoit pas son bain, ou ses médicaments, n’a parfois pas à manger…

Les comportements de violence deviennent plus fréquents également. La violence est d’abord verbale, sous forme de critiques, d’insultes, de crises hystériques. Elle peut être physique : le parent secoue l’enfant, le gifle, lui jette des objets. Remarquons que la violence apparaît même chez les parents qui sont opposés à  la violence.

Le burn out transforme le parent : à la souffrance s’ajoutent la honte, la culpabilité.

Et le couple?

Les conflits deviennent fréquents, le risque de violence entre les conjoints augmente, le risque de divorce aussi.

Quelquefois, le parent se « décharge » sur son conjoint plutôt que sur ses enfants.

Comment éviter le burn out?

Faites-vous confiance!

Il s’agit de s’adapter, et de rester ou devenir bienveillant envers vous-même. Vous avez besoin d’une permission : celle de se donner le temps d’apprendre la bienveillance envers soi.

Privilégiez la qualité plutôt que la quantité

Il n’est pas nécessaire de jouer toute la journée avec votre(vos)enfant(s). Il est essentiel de partager des activités qui vont ressourcer le parent ET l’enfant; s’il s’agit de regarder ensemble une émission à la télévision, ou de jouer à un jeu vidéo, pourquoi pas.

Ayez de la souplesse!

Il n’est pas intéressant d’être en conflit continu avec les enfants. Soyez zen lorsqu’il faut ranger la chambre par exemple. Il peut être utile d’instaurer de nouvelles règles, mais il est important de les communiquer aux enfants, et de les adapter si nécessaire.

Place aux enfants!

Et si vous mettiez vos enfants à contribution? Adoptez la liste des tâches que chaque enfant peut réaliser, selon les compétences liées à son âge.

Que sont-ils capables de faire? Les tâches peuvent être réparties entre les enfants, ils peuvent choisir leur jour, leur semaine, etc. Testez la solidarité familiale. Et… affichez le planning pour tous.

Organisez des journées structurées.

Cet élément est important, notamment pour les parents en télétravail. Réservons un moment pour les activités scolaire, physiques, les différents repas (déjeuner, dîner…), idem pour ce qui est récréatif.

Pourquoi pas retarder le moment du lever des enfants si cela peut permettre au parent de travailler en attendant le débarquement?

Mais… certains jours, donnez-vous la permission de vous laisser vivre! Pour faire d’autres activités pour lesquelles vous n’avez jamais de temps par exemple.

Choisissez vos combats.

Il est impossible d’être sur tous les fronts de l’éducation de vos enfants, surtout en cette période de confinement. Choisissez certaines choses sur les quelles vous serez intransigeants, apprenez à « lâcher » certaines autres, et surtout, communiquez avec vos enfants.

Superman, superwoman? Pas le moment!

A nouveau, il est impossible de vouloir tout gérer de manière absolue! Apprenez à devenir moins perfectionniste (un petit peu changera déjà votre perception!).

Il est important pour les couples de veiller l’un sur l’autre. Certains parents, en cette période d’épidémie, vivent un stress intense au travail!C’est le cas des soignants, du personnel d’entretien,etc.

Exprimer ses besoins.

Ce n’est pas pour autant plus facile pour le parent qui reste à la maison. Les études ont montré que les parents au foyer sont plus à risque de développer un burn out parental. D’où l’importance  de communiquer dans le couple : exprimez à votre conjoint vos besoins, faites-le de manière constructive. Restez souples. Comment exprimer mes besoins à l’autre?

  • Observer sans évaluer, sans juger.
  • Dire son sentiment, parler en « JE ».
  • Exprimer son besoin, sans parler d’action.
  • Demander sans exiger.

Attention à l’illusion de transparence qui nous atteint tous un jour ou l’autre!

Quel parent ne pense pas : « Il(elle) devrait savoir, et/ou voir que je ne vais pas bien », « Mes besoins sont évidents pour l’autre »?

NON, il (elle) ne connaît pas nos besoins si nous ne les exprimons pas clairement à notre conjoint.

Aérez-vous, sortez.

Vous avez le sentiment de vouloir jeter les enfants par la fenêtre? Il est temps de prendre l’air, de respirer. Sortez! Respirez!

Prenez contact avec un ami, une oreille accueillante et bienveillante à qui vous pourrez dire votre souffrance. Il peut devenir nécessaire de consulter un professionnel, si la situation devient compliquée à gérer.

 

« Le bonheur n’est pas toujours dans un ciel éternellement bleu, mais dans les choses les plus simples de la vie »
(Confucius)

Source : Pr Moïra Mikolacjzak, UCLouvain.

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